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C’est un souvenir ancré dans sa mémoire. Maïssane Benseddik se rappelle ce magasin où, pour la première fois, vers l’âge de six ans, elle a vu une trompette. « Je n’ai jamais très bien compris ce qu’on vendait là, mais il y avait une arrière-boutique où étaient exposés des instruments de musique. Je me suis tout de suite focalisée sur la trompette et j’ai dit à ma mère que je la voulais », raconte la jeune femme, née à Livry-Gargan en 2001.

Sa mère finit par lui en acheter une, mais en plastique… La déception de la petite fille est telle que l’objet finira à la poubelle. Mais tout cela n’était que partie remise, puisque l’institutrice de CE1 de Maïssane a par la suite suggéré à sa mère d’inscrire sa fille au conservatoire. Chose dite, chose faite. Ainsi, depuis quatorze ans maintenant (les deux tiers de son existence !), la jeune fille pratique la trompette « à piston », au sein du conservatoire de Tremblay.

Cet édifice à la fois sobre et élégant, c’est un peu son cocon à elle. Depuis toujours, Maïssane Benseddik est l’élève de Francis Aubier, par ailleurs chef d’orchestre et frère d’Éric Aubier, trompettiste français de renom. « Francis est toujours là pour moi ! Depuis tout ce temps, il m’a aidée à progresser. Il est peut-être un peu avare en compliments, mais je sais bien que c’est parce qu’il veut nous faire travailler nos points faibles, pour qu'on s’améliore sans cesse », fait remarquer l'ancienne élève du collège Romain-Rolland et du lycée Léonard-de-Vinci.

Jouer par tous les temps

Au conservatoire, la jeune fille a tout connu : l’orchestre des petits, celui des moyens et celui des grands. Elle y a obtenu son certificat de fin d’études musicales. Seule, elle a aussi appris à jouer des percussions, « à main, pas le tambour ». « Maïssane est très précieuse dans les prestations collectives, car elle est vraiment à l’écoute des autres, applaudit Pascal Jollans, le directeur du conservatoire. Et elle peut facilement jouer, au pied levé, le solo d’un musicien absent. Son talent est bien au-dessus du niveau de nombreux musiciens amateurs. J’ajouterais qu’elle a un très joli son de trompette ».

Car oui, chaque musicien ne fait pas sortir le même son ! « La trompette est un amplificateur : le son est donc différent en fonction de la personne », confirme la jeune musicienne, que l’on peut voir jouer en extérieur, par exemple lors des cérémonies commémoratives organisées par la Ville, auxquelles le conservatoire participe depuis novembre 2018.

« C’est assez impressionnant au début : il y a du monde, des officiels, un protocole strict. Et on joue par tous les temps – dans le froid, sous la pluie, en plein vent… Ce ne sont pas les meilleures conditions, mais je prends du plaisir à le faire. Mon professeur m’a initiée ! », glisse la Tremblaysienne, qui se produit au sein d’autres ensembles : le big band de jazz conduit par Pascal Jollans, le Variety Orchestra et l’ensemble de cuivres du conservatoire.

« Heureusement, le conservatoire m’a prêté une trompette de pro, car ce sont des instruments qui peuvent coûter plusieurs milliers d’euros », se poursuit la fan d’Alison Balsom, trompettiste britannique connue pour son répertoire classique et contemporain, ainsi que pour son jeu à la trompette baroque.

États-Unis, Japon et Algérie

Maïssane Benseddik cite également Lucienne Renaudin Vary, qui l'a emporté dans de la catégorie Révélation soliste instrumental aux Victoires de la musique classique en 2016. « Elle est française et a un peu le même parcours qu’Éric Aubier, juge la jeune Tremblaysienne. Lucienne Renaudin Vary joue de tout et très bien, parfois pieds nus, peut-être pour mieux sentir les vibrations de la musique sur le sol ». La Tremblaysienne, qui admet une préférence pour le classique, mais elle connaît bien les incontournables trompettistes américains, ce qui la conduira sûrement un jour aux États-Unis.

Chicago et La Nouvelle-Orléans ont d’ores et déjà ses faveurs. « Une fois, un groupe de Louisiane est venu au conservatoire ; ils étaient excellents ! Je pense aussi aller un jour au Japon : ils sont très forts là-bas, car ils ont gardé beaucoup d’instruments traditionnels, qu’ils utilisent pour jouer des musiques modernes. »

Ses deux parents à elle sont venus d’Algérie, « un autre pays où la trompette est populaire », précise-t-elle, avant de qu'elle ne maîtrise pas encore ce style de jeu. Sinon, elle se souvient d’un concert à l’église Saint-Médard du Vieux-Pays, dotée d'une acoustique exceptionnelle, ou bien encore d’une prestation au cinéma de Tremblay.

Sa plus grande joie est de ne jamais avoir lâché. « On peut tous avoir des coups de mou, des moments de découragement, mais en aucun cas je n’ai songé à abandonner la trompette », assure la vingtenaire, qui habite d'ailleurs juste en face du conservatoire. Après le bac, elle avait entamé des études de musicologie à la Sorbonne, mais a fini par décrocher, trouvant le cursus trop dur – « sans doute parce qu’il me manquait des bases ».

Pense-t-elle pouvoir un jour vivre sa passion ? « Pas facile », réplique-t-elle. En attendant, la Tremblaysienne aimerait travailler dans le secteur de la culture en général, et la musique en particulier. Inscrite à la Mission locale, Maïssane Benseddik espère dans un premier temps trouver une formation dans le domaine socio-culturel. Bon vent à elle !