Le 29 juin dernier, ils étaient venus plutôt nombreux les fidèles du théâtre Louis-Aragon (TLA) pour assister à une spéciale Radio TLA présentant la saison 2022-2023 : une émission dense et attrayante, reflétant bien la programmation concoctée par l’équipe du lieu. « C’est le résultat d’un travail de groupe, souligne Emmanuelle Jouan, la directrice. On s’efforce de trouver un équilibre entre les différents champs artistiques, de trouver une alternance et de faire le lien entre les récits d’aujourd’hui, de ce qui traverse la société, avec les grandes oeuvres de répertoire qui ont accompagné l’histoire de l’art. » Après l’ouverture de saison et le Festival 3D (voir ci-dessous), on réservera ainsi son vendredi 7 octobre pour Sizwe Banzi is dead : montée en 1972 en plein apartheid, cette pièce drôle et engagée interroge subtilement sur les questions d’identité et d’oppression sociale, toujours d’actualité donc…
Les JO sur scène
On voudrait pouvoir tout dire de tous les spectacles présentés ici, impossible ! Faisons court et continuons avec le théâtre : Sous influence de Nina Negri (10 et 11 décembre) s’inspire assez librement d’Une femme sous influence, le film de John Cassavetes. Saisissante la mise en scène qui fait intervenir deux danseurs de Krump, une danse inventée dans les ghettos des Africains-Américains du Los Angeles de la fin des années 1990. Revisiter Shakespeare, en mode ciné-spectacle ? C’est la prouesse que réussissent Métilde Weyergans et Samuel Hercule avec Ne pas finir comme Roméo et Juliette (14 janvier, accessible dès 12 ans) : une bande-son réalisée en direct pour accompagner sur scène deux mondes séparés, deux êtres qui vivront leur histoire comme un acte de rébellion.
Et puisqu’on évoque le répertoire, nous serons déjà en avril (les 20 et 21) lorsque les planches du TLA accueilleront L’Avare – de Molière – sur une mise en scène de Benoît Lambert, lequel fait le choix de plonger le spectateur au coeur du XVIIe siècle avec un décor à l’ancienne, sans esbroufe… On entre dans la danse avec les artistes associés de la saison ? Clémentine Maubon et Bastien Lefèvre sont présents depuis l’an dernier pour un projet au long cours – l’équipe de France de danse contemporaine ! – jusqu’aux Olympiades culturelles de 2024, à préparer un segment du grand défilé prévu en amont des Jeux olympiques : pour cela, toute une série de rendez-vous, d’ateliers sont prévus dans l’année. Sur scène, nos deux athlètes poursuivent leurs explorations anatomiques avec Cocoeur, une création palpitante (4 février) !
Jacques Gamblin, Olivia Ruiz, humour et blues antillais
On aura également fait connaissance avec une autre artiste associée, Balkis Moutashar, dans le tempo de 3D, ce qui donnera assurément envie de se précipiter pour la belle soirée Danse en famille avec De Tête en cape, une création jeune public suivie d’un bal parents-enfants (15 octobre). Enfin, la résidence de Khoudia Touré permettra – entre autres – de découvrir sa première création personnelle, Óró, lors de la nocturne danse du 3 décembre prochain. Vite au 17 février pour Hop !, spectacle de danse-théâtre avec Jacques Gamblin en duo avec Raphaëlle Delaunay.
Sans oublier d'aborder la programmation musique du TLA avec la talentueuse Olivia Ruiz (Bouches cousues, le 21 octobre), le blues antillais rebelle et engagé du groupe Delgrès (17 mars)… De l’humour? Il est corrosif celui de Waly Dia dans Ensemble ou rien, son deuxième show (27 novembre). Du cirque, bien sûr, avec un premier rendez-vous le 12 novembre et les six acrobates mis en scène par Gaëtan Levêque : Esquive donne dans le ballet de haut vol avec force trampolines, murs rétractables et une scène surélevée. Du sur-mesure en trois dimensions.
encadré 3D
3D Danse Dehors Dedans, le 24 septembre
Le Festival 3D ouvre la nouvelle saison du TLA avec une circulation entre le Parc forestier de la Poudrerie, le parc de Tremblay, la place des Droits-de-l’Homme puis en en salle : soit une programmation de cinq spectacles gratuits pour entrer dans la danse, dès 15 heures ! Ce sera l’occasion de découvrir Shirley, un petit bijou de forme courte signé et interprété par la chorégraphe et danseuse Balkis Moutashar, artiste associée au théâtre. Eux aussi sont en résidence au TLA : les athlétiques Clémentine Maubon et Bastien Lefèvre déclineront pour 3D Le poids des médailles, présenté au Off d'Avignon cet été, pour questionner avec humour la « réussite » dans le sport.
Une Partita, signée Ambra Senatore ? Cela donnera une forme courte pour deux danseurs et une clarinettiste sur les compositions de Jean-Sébastien Bach. Très beau. Et une surprise de dernière minute, les deux danseurs virtuoses du chorégraphe brésilien Paulo Azevedo nous donneront le vertige avec Vertigem, une pièce pulsionnelle !
Enfin, le soir et sur le plateau du théâtre, le spectacle Via Injabulo marquera les retrouvailles avec les Sud-Africains de la compagnie Via Katlehong Dance accueillis en résidence à Tremblay en 2008. Ces fantastiques danseurs du township de Katlehong où ils mènent un travail social et éducatif seront là chorégraphiés par Amala Dianor et Marco da Silva Ferreira : quand danses et cultures zoulous – Gumboot (danse des mineurs qui tapaient sur leurs bottes) et claquettes – rencontrent le hip-hop, la house et l’électro-jazz… ça devrait chauffer sur le dancefloor du TLA !