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Quelle folle histoire ! Après s’être retiré des rings pen­dant dix ans, Alexandre Milosevic est devenu champion de France de boxe française (Élite B) le 8 janvier dernier, à La Côte-Saint-André, en Isère. Né en 1989 à Ville­pinte, le trentenaire avait déjà été champion de France en 2002, 2005 et 2011, avant de décider de raccrocher les gants. Tout compte fait, il s’était offert un petit retour en 2013 et avait remporté le tournoi de France. Mais après, promis, c’était fini pour lui.

« Je désirais arrêter parce que j’étais un peu blessé, et surtout parce que je voulais consacrer davantage de temps à mes projets personnels et préparer mon avenir professionnel », explique cet entrepreneur dans le bâtiment, qui travaille également deux jours par semaine pour la ville d’Aulnay-sous-Bois, où il veille à l’entretien et au contrôle des aires de jeux.

Ces dix dernières années, le retraité des rings a notamment consacré son temps libre à entraîner son jeune frère Sébastien, champion de France espoirs en 2020. Il faut dire que chez les Milosevic, la boxe française est une affaire de famille ! Le père, Prodan, est le président et l’entraîneur principal du club du Tremblay Rouvres : il a lui-même formé ses enfants, son frère et ses neveux, qui sont tous devenus champions de cette forme de boxe pieds-poings (qui se distingue de sa cousine anglaise, dans laquelle seuls les coups de poing sont portés).

La boxe française, apparue au XIXe siècle, reprend le vocabulaire et l’esprit de l’escrime à la française. Connue dès son apparition sous le nom de savate ou art de la savate, elle a été renom­mée officiellement savate boxe fran­çaise en 2002.

Limite d’âge

La boxe française, Alexandre est, on l’a compris, tombé dedans tout petit. « Je ne me rappelle même plus à quel âge j’ai commencé, glisse-t-il. Petit, j’accompagnais mon père au gymnase : c’était naturel, je ne me suis jamais posé de questions. Je pense que j’allais aux entraînements comme j’allais à l’école ! », assure celui qui a fait une incursion dans la boxe anglaise entre ses 15 et ses 18 ans pour perfectionner son jeu aux poings.

Et c’est donc à l’âge de 32 ans qu’il décide de remettre les gants. « En fait, je n’avais jamais vraiment fermé la porte à un retour. Mais il existe une limite d’âge pour participer à des compé­titions ; je pensais qu’elle était fixée à 33 ans [elle s’établit en réalité à 39 ans]. Du coup, je me suis dit que pour reprendre, c’était maintenant ou jamais. Durant l’été 2021, j’étais en vacances avec mon kiné et je lui ai fait part de cette idée folle », confie ce père de deux enfants.

Son retour, Alexandre Milosevic voulait l’accomplir sérieusement, « car plus on avance en âge, plus il faut être rigoureux, sur l’entre­tien de son corps comme sur l’ali­mentation ». À l’automne dernier, le Tremblaysien a ainsi effectué une préparation éclair, mais très inten­sive : « Deux mois à ne faire que de la boxe et des séances de kiné ! » Il s’est retrouvé fin prêt pour le champion­nat de France. Il a passé le tour de poule et gagné sa demi-finale – « sans faire un très bon combat, car je venais d’être testé positif au Covid-19 », précise-t-il. En finale, il a dû faire face à un jeune Breton, Alexis Percelay, 20 ans, invaincu depuis trois ans.

À l’expérience

Gagner, Alexandre Milosevic n’y croyait pas trop. Son entraîneur de père non plus d’ailleurs. « J’étais sur­pris qu’il veuille reprendre la compé­tition, mais je me suis dit que s’il le voulait vraiment, il fallait le laisser ! Mais de là à remporter cette finale… Bravo à lui en tout cas », applau­dit Prodan Milosevic. Son fils, qui est également entraîné par Bruno Suret, assure avoir eu son adversaire à l’expérience : « Je l’ai perturbé, j’ai cassé le rythme, je l’ai empêché de développer son jeu et je l’ai piqué au bon moment. »

Une victoire dont il n’est pas peu fier, lui qui dit avoir repris la compétition « sur un coup de tête ». Mais ce qui le réjouit avant tout, c’est le fait que son trophée a « créé une dynamique au sein du club » : « Les jeunes ont suivi mes combats et m’ont demandé des auto­graphes. Je crois que cela a donné de l’envie à certains d’y aller, voire de reprendre », com­mente le cham­pion.

Son propre fils, âgé de 11 ans, n’échappe pas à ce mouvement. Alexandre, qui ne voulait pas forcé­ment le voir sur un ring, l’avait inscrit au tennis. Patatras ! Le fiston en est sûr désor­mais : ce sera la savate. « Vous savez, ce sport est difficile quand même, on prend beaucoup de coups. Je compare ça à un grand huit. Quand on est tout en haut, on se demande bien ce qu’on fait là. Et puis quand c’est fini, on a hâte de recommencer », confie le trentenaire, qui affirme apprécier la préparation davantage que le combat en lui-même. Le voilà maintenant qui dis­pute les championnats de France en Élite A.

Une victoire lui ouvrirait les portes de l’équipe de France pour les prochains championnats d’Europe. « Aucun stress, j’y vais détendu », jure-t-il, répétant que « prendre des coups c’est dur ! ». Avant d’ajouter : « Si j’ai autant gagné, c’est que j’en ai plus donné que reçu. » Qu’est-ce qui pourrait le faire arrêter, cette fois ? « Peut-être, concède-t-il, si c’est ma femme qui me le demande… »