La Ville a émis un avis défavorable à son adoption et propose des mesures plus conséquentes.
Lors de la séance du conseil municipal du 19 mai 2022, les élus de Tremblay ont voté à l'unanimité une délibération contre l'adoption du plan de prévention du bruit dans l'environnement (PPBE) 2022-2026 pour la plateforme aéroportuaire Paris-Charles-de-Gaulle (CDG). Ce plan doit être approuvé par arrêté interpréfectoral cette année. La réalisation d'un PPBE est une obligation réglementaire imposée par la directive européenne 2002/49/CE. Celle-ci prévoit qu'un plan de prévention du bruit est élaboré pour chaque plateforme aéroportuaire recevant plus de 50 000 mouvements (c'est-à-dire le nombre de décollages et atterrissages) par an.
En 2019, l'aéroport Paris-CDG a comptabilisé 500 000 mouvements. Élaboré par la direction générale de l'Aviation civile, ce plan s'appuie sur les cartes stratégiques de bruit, réactualisées sur la base d'hypothèses de trafic à court et long terme. Il expose les mesures, en cours et programmées, pour limiter l'exposition au bruit lié au fonctionnement de la plateforme aéroportuaire.
" Le nouveau plan quinquennal n'est pas assez contraignant en matière de réduction de la pollution sonore, estime Sébastien Becq, directeur du Développement durable à la Ville. Ce nouveau PPBE prévoit seulement la généralisation des descentes continues fin 2023*, une étude sur d'éventuelles restrictions supplémentaires des vols de nuit et, vers 2024, dès que des hypothèses de trafic stables pourront être déterminées, une étude sur l'opportunité de réviser le plan de gêne sonore qui définit les zones d'habitation éligibles à une aide à l'insonorisation."
Selon l'association Bruitparif, en raison du trafic aérien, 1,4 million de Franciliens sont exposés à des niveaux de bruit très supérieurs aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé. Les riverains vivant sous les couloirs aériens perdent jusqu'à trois années d'espérance de vie en bonne santé, toujours selon Bruitparif.
" Paris- CDG détient le triste record en Europe du nombre de vols de nuit entre 22 heures et 6 heures, reprend Sébastien Becq. Le trafic aérien a connu une forte croissance, passant de 478 306 mouvements en 2013 à 504 836 en 2019. Les projections sont inquiétantes puisque l'augmentation inscrite dans le nouveau PPBE s'élève à 180 000 mouvements supplémentaires à l'horizon 2025, soit un chiffre identique au trafic que devait absorber feu le projet de construction d'un quatrième terminal à Paris-CDG. "
Protéger les habitants des nuisances sonores
La municipalité a déjà eu l'occasion, à plusieurs reprises, de faire part de ses exigences en matière de lutte contre les nuisances sonores aériennes, notamment lorsqu'elle s'est opposée au projet de terminal 4. En 2013, grâce à son engagement, Tremblay avait d'ailleurs obtenu que l'ensemble des habitants du quartier du Vieux-Pays intègrent le plan de gêne sonore de Paris-CDG et bénéficient ainsi d'une aide à l'insonorisation.
Pour Olivier Guyon, adjoint au maire délégué au Développement économique, le PPBE manque d'ambition. " Ce plan n'est pas à la hauteur des enjeux environnementaux, assène l'élu. Il ne propose pas d'efforts suffisants en matière de réduction des nuisances sonores, en particulier pour le trafic nocturne. Par ailleurs, l'amélioration des performances acoustiques des aéronefs n'est par exemple pas développée. " Dans l'avis formalisant l'opposition du conseil municipal, la commune émet quatorze exigences, à commencer par la mise en place d'une " vraie concertation publique " ; elle demande aussi de " réduire voire supprimer le trafic nocturne " à l'instar de grands aéroports européens tels ceux de Francfort ou Londres.
"En complément des mesures coercitives, nous proposons des mesures collaboratives qui visent à accompagner les acteurs du trafic aérien dans une transformation de leurs activités, pour réduire le bruit mais aussi pour diminuer l'impact climatique, poursuit Olivier Guyon. Nous lançons notamment une étude sur l'hydrogène, en partenariat avec ADP et la communauté d'agglomération Roissy Pays de France. Nous appelons également à relancer le projet Carex, qui vise à reporter le fret aérien transporté par les courts et moyens courriers vers les trains à grande vitesse." Dossier à suivre...
* La descente continue est une technique qui permet d’éviter au maximum les phases de vol en palier et donc de réduire ainsi la sollicitation des moteurs, limitant ainsi les nuisances sonores et permettant des économies de carburant.
Pour consulter, le projet de plan de prévention du bruit dans l’environnement de l’aéroport Paris CDG sur le ministère de la transition écologique : consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr