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Le 10 juin 1944, la 2e division SS Das Reich arrive à Oradour-sur-Glane. Raymond Merle, qui habite aujourd’hui à Tremblay-en-France, avait 15 ans. Le garde champêtre informe les habitants qu’ils doivent tous se rassembler sur la place du Champ-de-Foire. Les SS pénètrent dans les habitations, ceux qui refusent d’obéir aux ordres sont abattus sur le champ. Ils vont jusque dans les hameaux alentour. La population est séparée en deux : d’un côté les femmes et les enfants, de l’autre les hommes. 

Ces derniers sont répartis dans six lieux différents : remises, granges où ils sont mitraillés puis recouverts de fagots et de bottes de paille (y compris les blessés) auxquels les nazis mettent le feu. Les femmes et les enfants sont enfermés dans l’église où les SS réitèrent leur macabre mode opératoire. De la paille, des fagots et des chaises sont jetés pêle-mêle sur les corps qui gisent sur le sol. Et les SS y mettent le feu. 


Il y avait aussi un événement religieux. Trois curés étaient venus de Limoges en renfort ; ils ont été également massacrés.


Même des vieillards impotents… 

Ils inspectent de nouveau les maisons et tuent tous les habitants qui avaient pu échapper à la première rafle. On retrouvera les corps brûlés de vieillards impotents. Raymond travaillait à la ferme familiale à La Fauvette, un des hameaux d’Oradour-sur-Glane, un hameau comme tous les hameaux alentour également inspecté par les SS. Ni Raymond ni ses parents n’ont été pris. Ce 10 juin, « J’ai vu un monsieur qui a dit : “ Ils sont tous morts…“…» raconte-t-il. Quatre de ses cousines (Claudine, Renée, Huguette et Maryse), âgées de 6 à 12 ans, ont été tuées dans l’église.

« Un grand oncle également. Il y avait beaucoup de monde dans le village ce jour-là car c’était la distribution du tabac qui était rationné. Il y avait aussi un événement religieux. Trois curés étaient venus de Limoges en renfort ; ils ont été également massacrés. Mon père s’est ensuite rendu à l’église avec une dame, une résistante, qui s’est trouvé mal devant l’horrible spectacle. Un monsieur avait retrouvé le cadavre de son fils. Il a emporté le corps avec lui afin de procéder à une cérémonie. Mon père m’a raconté qu’un autre homme, bien que blessé aux jambes, était parvenu à sortir de la grange. Il a tenté de se cacher dans le cimetière mais les Allemands l’attendaient, ils l’ont tué. » 

À Oradour-sur-Glane, au moins 643 personnes ont été massacrées dans des conditions atroces cette journée de juin 1944. 

Il n'en veut pas au peuple allemand 

Raymond Merle a été terriblement marqué par cet horrible drame. Pourtant, il dit qu’il n’en veut pas au peuple allemand. Un jour, il raconte avoir croisé un soldat ennemi qui a sorti des photos de ses enfants de son portefeuille. Par ce geste, il voulait faire comprendre qu’il était hostile à la guerre. « Tout ça, c’est la faute aux dirigeants, à Hitler », poursuit Raymond. « Les Allemands étaient des gens comme nous. Les SS, eux, étaient des barbares. » Par la suite, Raymond Merle est devenu apprenti charron et forgeron dans l’entreprise de son oncle à La Fauvette. 

Son service militaire terminé, il a été embauché à la SNCF au Bourget en 1957. « J’étais ouvrier ; je faisais les 3x8 ; j’accrochais les wagons ; j’ai également exercé au Blanc-Mesnil. À la fin de ma carrière, j’ai travaillé dans les bureaux à la gestion des wagons ». Il a fondé une famille et a eu une fille, Françoise. En 1957, il a acheté un terrain à Tremblay-en-France où il a fait bâtir. « Et on n’a plus bougé de Tremblay », résume-t-il. Il avoue qu’il repense souvent à son village où il est retourné car sa sœur et son beau-frère y vivaient encore.

 L’un de ses neveux, qui se trouve toujours dans le village martyr, lui fournit régulièrement des nouvelles. Dernièrement, l’une de ses cousines a fêté ses cent ans. Elle avait échappé au massacre. Raymond Merle se demande comment des hommes ont pu se rendre coupables d’une telle barbarie qui dépasse l’entendement. Lui a choisi de croire en l’humanité, et en cette lumière que porte ceux qui survivent pour raconter.

Raymond Merle en quelques dates

  • 1928 : Naissance à Oradour-sur-Glane
  • 1944 : Les barbares de la division SS Das Reich assassinent méthodiquement 643 habitants d'Oradour-sur-Glane, son village.
  • 1957 : Arrive à Tremblay-en-France