Il y a quelques mois, au moment du coup de sifflet final qui offrait à Tremblay son second titre de champion de Proligue face à Istres, on l'avait vu les yeux quelque peu embués. Entre franche joie communicative et émotions plus incontrôlées, Erwan Modeste avait fendu l'armure, s'offrant un peu de relâchement. Il faut dire que sur l'exercice 2023-2024, le jeune aspirant, natif de Bondy, n'avait cessé, avec de réels succès, de multiplier les efforts pour s'affirmer dans les rotations de l'effectif tremblaysien (38 buts en 20 matchs).
Ce beau trophée à la clef, le réservé colosse (1,90 m et 104 kg) pouvait le savourer et voir une première petite étape de sa carrière naissante aboutir. « Ça a été beaucoup de sensations très différentes » confesse-t-il avec le recul. « Tout le monde ne gagne pas ce genre de choses. Moi qui souhaitais depuis tout petit faire de ma passion mon métier, j'ai été très heureux. » Et conforté dans l'idée que ses grandes ambitions pouvaient être légitimes. Il enchaîne : « J'ai toujours rêvé de devenir un des meilleurs joueurs français, de disputer un jour la Ligue des Champions. J'en suis loin encore mais cela donne de l'appétit. »
Un joueur déterminé et combattant
Venu au handball vers 8 ans, à l'AS Bondy où son grand frère était déjà joueur, celui qui a découvert son poste au Tremblay Handball a d'abord vadrouillé à l'arrière et aussi à l'aile. Puis s'est donc fixé au pivot, avec succès. Mais pas par magie car l'intéressé est un vrai bourreau de travail. À l'observer finement, on se dit parfois qu'il est « en mission » et que rien ne pourra l'écarter de sa ligne de conduite. « Erwan, c'est quelqu'un de très déterminé », confirme Safwann Khoudar, le coach adjoint de l'équipe pro.
« C'est un vrai soldat et c'est ce qui fait sa plus grande force. Car au-delà de ses qualités physiques qui sont indéniables comme son gabarit, son explosivité et sa capacité à se retourner dans des espaces très réduits, c'est un vrai combattant. Il ne va pas hésiter à aller au contact, à travailler, à écouter et il est capable de se remettre en question. La saison dernière, il s'est fait une place là où il y avait déjà trois autres pivots pro. Il a su saisir les opportunités offertes. C'est pour cela qu'il passera pro la saison prochaine notamment. »
En effet, les paraphes ont été posés récemment en bas d'un contrat qui le fera se parer de Jaune et de Bleu jusqu'en 2027. « C'est un vrai tournant » prévient cet amateur de soirées tranquilles en famille ou entre amis. « Ça veut dire que ma carrière commence vraiment. Maintenant il faut rester focus sur le travail car si je ne me donne pas à fond, personne ne le fera pour moi. Je ne vais plus être le petit jeune du centre de formation, je vais avoir plus de responsabilités, mais ça ne me dérange pas. » Une attitude et une façon de voir les choses qui n'est pas sans rappeler l'illustre force tranquille que fut le pivot international Cédric Sorhaindo. Cela tombe bien, c'est le modèle d'Erwan Modeste. Ne reste plus qu'à tracer le même genre de chemin.