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Une très belle manifestation d’une utilité primordiale. C’est en ces termes que l’on peut qualifier le forum santé & bien-être qui s’est tenu, lundi 5 mai de 9h30 à 17 heures, dans les locaux du lycée Léonard-de-Vinci de Tremblay-en-France. À destination de l’ensemble des élèves et des personnels de l’établissement et organisé par deux enseignantes très motivées (Mireille Yebga et Christelle Gemieux), il proposait de nombreux ateliers (ostéopathie, judo, gestes de premiers secours, endométriose, gaz hilarant, gestion du stress, être mieux dans son corps, nutrition, onglerie, coiffure, maquillage, violences faites aux femmes, etc.) et des interventions tout aussi nombreuses (Maison des adolescents Amica, danse indienne, danse moderne, breakdance, défilé de mode, etc.).

« Être mieux dans sa vie »

Totale réussite et nécessité, oui car, comme le confiait le proviseur, Jean-Henri Reynier, « un élève, comme un enseignant, ne peut réussir à intégrer les programmes scolaires que s’il est bien dans son corps et dans sa tête. » Il est primordial de se détendre et/ou de se divertir pour mener à bien une activité scolaire très souvent fort absorbante.

Exemple, lors de l’atelier proposé par l’Amica, un espace dédié aux jeunes de 12 à 21 ans, le thème était “Être mieux dans sa vie”. Un groupe d’adolescents est encadré par deux psychologues. Sur les tables, de grandes feuilles sur lesquelles est inscrite cette phrase : « Qu’est-ce qui procure du bien-être pour vous ? » Tout de go, un garçon s'applique à écrire : « La nourriture, le sport, l’hygiène, dormir. »

Directrice déléguée aux formations professionnelles et technologiques, Michèle Vidot, elle, a participé avec beaucoup de plaisir à l’atelier ostéopathie animé par cinq étudiants et un encadrant. Si elle a choisi de s’y rendre, ce n’est pas par hasard : elle souffre de douleurs aux vertèbres cervicales et aux épaules. « Pendant une cinquantaine de minutes, j’ai effectué des exercices de décontraction que l’on m’a suggérés de reproduire à la maison », explique-t-elle, réjouie. « Ce fut très bénéfique. Ça m’a bien décontractée. Ce fut très doux, très calme. Les étudiants en ostéopathie étaient très bien, très pédagogues tant dans l’approche que dans la gestuelle… »

Un peu plus loin, un autre atelier met en garde sur les effets néfastes de l’utilisation des gaz hilarants. Des élèves, équipés de lunettes dévolues à cet effet, pratiquent, l’un après l’autre, une simulation de ce qu’ils pourraient ressentir en cas d’inhalation (ou encore d’absorption d’alcool et/ou de drogues), et ce grâce à un parcours où se trouvent des obstacles qu’il leur faut contourner. Selon quelques élèves de Terminale de la section accompagnement soins et services à la personne, ce ne serait pas évident. On est en droit de se demander comment les jeunes parviennent à se procurer ces fichus gaz hilarants dont la vente est interdite. « Grâce à la vente sur Internet », confie un intervenant. « La revente s’effectue aussi de la main à la main, comme pour la drogue ; la consommation est de plus en plus importante ce qui est préoccupant. »

« Bon stress et mauvais stress »

Sur l’atelier naturopathie, on s'informe sur la phytothérapie, les massages, l'alimentation, la gestion du sommeil et des émotions, etc. « J’ai fait un burn-out », explique l’animatrice. « Dans cette pratique, il n’y a pas de jugement ; il n’y a pas non plus de mauvaises réponses. » Elle distribue des fiches, demande aux lycéens ce que le stress représente pour eux. « Un sentiment lié à la peur », répond l’un d’eux. « Une charge mentale trop importante », poursuit un autre.

« Il y a le bon stress et le mauvais stress », éclaire l’intervenante. « Mais le stress, au fond, est une réaction normale. Lorsqu’une voiture arrive alors qu’on veut traverser, on stresse, puis on recule. Le mauvais stress, lui, amène le découragement, perturbe la mémoire et la concentration, développe l’angoisse et l’isolement. » Puis, s’adressant à l’auditoire, elle demande : « Quel est le moment qui vous stresse le plus dans votre vie d’étudiant ? » Une participante se lance : « Prendre la parole devant mes camarades. » La naturopathe l’invite à se lever et à parler devant l’assemblée ; mise en confiance, elle le fait. Une manière de crier victoire.

À la sortie du lycée, quelques jeunes témoignent des bienfaits du forum. « J’ai participé à l’atelier de l’Amica », déclare Tony, 16 ans, élève de seconde métiers relation clients. « J’ai posé de nombreuses questions. C’était très bien, très positif. J’ai recueilli plein de précieux conseils. » Son camarade de la même classe Mohamed Amine, 16 ans, a suivi l’atelier judo. « J’ai appris des choses sur ce sport que j’ai pourtant déjà pratiqué », reconnaît-il, sourire aux lèvres. « J’ai mieux compris l’esprit, les bases. » Chloé, 17 ans, élève en première métiers du commerce et de la vente, a assisté au défilé de mode de l’après-midi. « J’ai adoré les danses à la fin, avec le multiculturalisme et la fraternité qui s’en dégageaient. »

Interview de Jean-Henri Reynier, Proviseur du lycée Léonard de Vinci

Qui est à l’origine de ce Forum Santé & Bien-Etre ? 

Jean-Henri Reynier : Je ne suis absolument pas à l’origine de ce forum. Je suis arrivé dans l’établissement le 1er septembre 2023 ; Mme Christelle Gemieux et Mme Mireille Yebga sont tout de suite venues me présenter cette manifestation qu’elles avaient mise en place avec une autre enseignante, Mme Elbey (N.D.L.R. : aujourd’hui en poste au lycée Voillaume à Aulnay-sous-Bois), une dizaine d’années auparavant. Vu le succès de la première édition, ce forum a été reconduit d’année en année. Sur le coup, j’ai été étonné car dans les précédents établissements où j’étais, il n’y avait pas ce type de proposition que j’ai trouvée très pertinente. L’an dernier, j’ai assisté au forum et je leur ai dit : « Poursuivez ! Poursuivez, évidemment ! ». Nous n’attachons pas assez d’importance au bien-être des élèves et des personnels (j’y tiens) dans les établissements scolaires. Nous sommes probablement trop centrés sur les programmes scolaires, même s’ils sont fondamentaux. Or, un élève comme un enseignant, ne peut réussir à intégrer ces programmes que s’il est bien dans son corps et dans sa tête. Cette journée ne règle pas tous les problèmes, loin s’en faut, mais elle peut ouvrir des horizons à des élèves qui sont en mal-être parce qu’ils n’ont pas encore rencontrés telle activité ou discipline. Les lycéens sont avant tout des individus qui ont une histoire, une famille, des origines extrêmement diverses. Certains ont des grands-parents venant de Lorraine, d’autres venant du Sénégal, de Tunisie et d’autres pays. Au cours de ce forum, il était important qu’ils puissent venir au défilé habillés de manière traditionnelle car ils sont tous porteurs d’une histoire.

Il s’agit en quelque sorte des drapeaux de leurs origines ? 

Absolument. Dès le départ, il y avait ce défilé. (La danse a été ajouté l’an dernier et cette année.) 

Quels sont les effectifs du lycée Léonard de Vinci ? 

Mille deux cents élèves, lycées étudiants et apprentis. Et quatre-vingt-dix enseignants. 

Combien de personnes (élèves et personnels enseignants confondus) sont-elles concernées par cette journée ?

Je pense que 20 % des enseignants participent (ce qui fait à peu près une vingtaine d’enseignants) et environ 40 % de lycéens ; la difficulté, c’est que cet événement s’organise – à juste titre – en fin d’année scolaire, période à laquelle les examens approchent. Donc, certains élèves et enseignants privilégient le bouclage des programmes et s’abstiennent de venir à ce forum. 

Dans quels établissements avez-vous préalablement exercé ? 

Villepinte, Noisy-le-Sec et Neuilly-Plaisance. 

Dans ces lycées, ce type d’opération n’existait pas. Comment expliquez-vous qu’elle ne soit pas généralisée ?

Ces forums ne peuvent être portés que par des enseignants conscients de cette nécessité. Nous demandons toujours plus aux professeurs ; l’institution réclame toujours plus aux établissements afin de mieux préparer les élèves. Sans des enseignants très motivés par ce type d’action, nous ne pouvons pas les mener à bien. Cette journée doit énormément à Mme Yebga et à Mme Gemieux ; qu’elles en soient remerciées car elles ne sont pas rétribuées à hauteur de leur investissement mais on ne peut donner que ce qu’on a.

Propos recueillis par François Milan