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Pourquoi avoir écrit ce livre-témoignage ?

Pour rendre hommages aux victimes, non pas comme des suppliciés mais en célébrant leur existence et leurs vies qui peuvent tendre à s’effacer dans les récits devant le gigantisme du génocide. J’ai écrit ce livre pour qu’ils cessent d’être des nombres. Cependant ce n’est pas un livre-témoignage en réalité, ce n’est pas un livre de survivant.

Comment expliquez-vous le génocide survenu au Rwanda en 1994 ?

Par la manipulation mentale et l’idéologie comme toujours dans les crimes de masse.

« Pour qu’ils cessent d’être des nombres »

Longtemps vous n'avez pas pu retourner dans votre maison familiale. Quel a été le déclic pour que vous y retourniez aujourd'hui ?

J’y suis retourné pour la première fois deux ans après le génocide et j’y reviens depuis tous les ans pour m’y ressourcer. Aujourd’hui, cette maison est devenue un centre d’art où se côtoient plusieurs générations d’artistes. Il n’y a pas eu de déclic comme tel mais la volonté de ramener de la vie et de la beauté dans cette maison.  

Que faites-vous quand vous êtes au Rwanda ?

Je dirige une organisation qui s’appelle Rwanda Arts Initiative et un grand événement artistique appelé Kigali Triennial ou la Triennale de Kigali.

Parlez-nous du Rwanda d'aujourd'hui ? Quels changements majeurs constatez-vous ?

Le pays est jeune ; la majorité de la population a moins de 30 ans ; c’est un changement considérable. Le pays est plus sûr et plus prospère.

« Un hymne à la vie et à l’amour »

Votre livre a-t-il contribué à cicatriser vos plaies intérieures ?

Comme je le disais plus haut, ce n’est pas un livre témoignage sur le génocide ; ce n’est pas un livre de survivant. C’est un livre qui est beaucoup plus un hymne à la vie et à l’amour. A ce titre il m’a donné beaucoup de plaisir à écrire.

Vous êtes comédien, metteur en scène et écrivain ; quelles sont vos goûts littéraires, théâtraux et artistiques ?

J’aime beaucoup des écrivains dramaturges, notamment Shakespeare, Césaire, Heiner Muller et Koffi Kwahule ; sinon j’aime aussi Dostoïevski et Garcia Màrquez

Vous avez créé Urwintor, collectif destiné à promouvoir les artistes du Rwanda ; pouvez-vous nous en parler ?

C’est une plateforme destinée à professionnaliser les métiers liés à l’expression artistique. Nous accompagnons tous les artistes depuis le début de leur carrière jusqu’à l’aboutissent de leurs projets.

De même, vous avez fondé un centre d'art à Kigali. Qui exposez-vous ? A quelle périodicité ? Ce centre connaît-il un bon succès ?

On y invite des curateurs différents qui se chargent de la programmation sur une durée de trois mois. On y expose des artistes de la scène visuelle.

Et votre maison d'édition Moyo, qui publie-t-elle ? Les livres sont-ils disponibles en France ?

Nous publions des livres dans la langue nationale, notamment des livres écrits à l’origine en français ou en anglais pour que les auteurs puissent rencontrer un plus large public au Rwanda.

Vous avez été présent au Festival d’Avignon ; comment cela s'est-il passé ?

Je me suis produit à trois reprises au programme in du Festival d’Avignon ; c’est toujours une expérience édifiante.

Quels sont vos projets ?

Je prépare pour le moment la prochaine édition de la Triennale de Kigali qui va se tenir au mois de février 2027.

Propos recueillis par François Milan

Hewa Rwanda, lettres aux absents, Dorcy Rugamba ; éd. Lattès ; 308 p. ;18,90 €.