Comme c’est étrange. Maintenant que les applaudissements de 20 heures se sont éteints et que les mesures de déconfinement rendent aux rues un semblant de normalité, on pourrait presque avoir l’illusion qu’il ne s’est rien passé. Rien n’est plus faux : il n’est qu’à constater l’absence d’un siège sur deux en salle d’attente pour être interpellé… « En réalité, on a dû faire face à une situation exceptionnelle, et cela a été d’une incroyable violence. Des gens arrivaient ici pour un problème qui leur paraissait mineur et dans la foulée ils se retrouvaient mis à terre par le virus », rappelle Gilles Jaron, qui dirige l’hôpital privé du Vert-Galant depuis janvier. Dans ce baptême du feu général, l’établissement s’est mis très tôt en ordre de bataille.
On est le 19 mars. Tandis que les journaux télévisés laissent entrevoir la mobilisation des personnels hospitaliers, le réagencement des locaux face à la pandémie, cela fait déjà quarante- huit heures que les équipes du Vert-Galant ont transformé leur structure en unité d’urgence Covid… Vite, la clinique a mis plusieurs fers au feu. L’espace est réorganisé, l’entrée des urgences se trouvant avancée. Une équipe médicale dédiée est aussi constituée et un service de soins continus supplémentaire créé, ce qui nécessite de transformer tout un étage de l’hôpital. Au total, 40 lits – dont 15 en réanimation – seront consacrés aux malades du Covid-19, de manière à délester les autres hôpitaux de la région, submergés par la vague.
« Réinventer son métier »
Dans le même temps, une planification s’est imposée, impliquant notamment la déprogrammation des opérations non urgentes. « Chacun a dû réinventer son métier, explique David Bernier, le directeur des soins infirmiers. Il a fallu réorganiser d’autres services : urgences, dialyse, hôpital de jour, chimiothérapie… Et puis la nouveauté, c’était de s’occuper de patients Covid-19, une pathologie jamais rencontrée ! » Se réinventer ? À la faveur de la fermeture du bloc, les infirmières de chirurgie s’investissent en réanimation, les chirurgiens laissent tomber le bistouri pour se mettre à disposition.
Ainsi du docteur Antoine Peretti, orthopédiste, spécialiste des membres inférieurs : « On a annulé cinq à six semaines d’opérations, puis on a changé de métier : on est devenus déménageurs, membres des cellules de crise, renforts au service des urgences classiques, qui ne se sont jamais arrêtées. » Entre la mi-mars et la mi-mai, 1 400 personnes sont passées aux urgences du Vert-Galant pour suspicion de Covid et 150 ont été suivies dans la durée.
Remontée en puissance des consultations
Et maintenant, assiste-t-on à un retour à la normale ? L’hôpital reste vigilant et conserve une consultation d’urgences Covid, bien démarquée des autres secteurs (à terme, elle sera concentrée dans un bâtiment extérieur). L’établissement a également dédoublé l’accueil en consultation (uniquement sur rendez-vous) pour éviter l’accumulation de patients. « Nous sommes confrontés à des malades qui ont renoncé à se faire soigner durant le confinement, souligne Gilles Jaron. Pendant deux mois, nous avons connu une chute des consultations, comme partout en France. Nos urgences classiques ont ainsi vu leur activité baisser de 50 % par rapport à l’an dernier ! »
La clinique a ensuite connu une remontée en puissance progressive des consultations. Ces dernières ne mobilisaient toutefois que 25 % des capacités fin avril. Un niveau volontairement restreint, qui a permis de bien identifier les patients prioritaires et d’éviter la perte de chance dans le cadre d’un passage en chirurgie. Fin mai, l’établissement fonctionnait déjà à 80 % de ses capacités. « La crise pandémique a souligné d’énormes besoins en matière de santé, observe le directeur. En Seine-Saint-Denis, l’hôpital privé du Vert-Galant est l’un des acteurs majeurs pour y répondre. C’est pourquoi nous allons reprendre au plus tôt nos travaux d’extension. Bientôt sera notamment édifiée une maison médicale, interface entre le monde de l’hôpital et celui de la santé généraliste. C’est une petite révolution qui va se parachever ici. »
De vastes travaux d’extension
Suspendu durant la crise sanitaire, l’agrandissement de l’hôpital privé du Vert-Galant devrait reprendre sous peu. Ce chantier représente 20 millions d’euros d’investissement, pour une durée de travaux comprise entre trois et quatre ans. De quoi revoir complètement le service ambulatoire en doublant ses capacités, mais aussi multiplier les blocs opératoires, augmenter la superficie de l’accueil pour les dialyses, et enfin créer une maison médicale. Doté actuellement de cinq salles d’opération, l’établissement en comptera neuf début 2021. Il est également prévu de créer des postes pour suivre les patients dialysés.