« À cette vitesse-là, même vos grands-parents sont plus rapides que vous… !! » La voix tonne dans le dojo Thierry-Ngninteng. Ali Rodrigues, le professeur du cours de jiu-jitsu brésilien, ne laisse rien passer. Ils sont une vingtaine de filles et de garçons, âgés de 9 à 15 ans, qui enchaînent les mouvements au sol de ce sport de combat d’attaque et de défense dérivé des techniques du judo et du ju-jitsu, mais né au pays du football.
Entraîneur ou instructeur ? Il y a chez lui un petit côté sergent Hartman dans Full Metal Jacket de Stanley Kubrick, par l’exigence, l’attention et la discipline qu’il impose à sa petite troupe. L’allusion militaire n’est pas usurpée : « On m’appelle le général parce que j’attends de mes combattants une implication complète, indispensable s’ils veulent progresser », confirme le fondateur du CDK Kidz Créatif Tremblay.
Humour pédagogique
Malgré l’intensité de la séance, il sait manier l’humour. « Je suis un détraqué, je passe mes nuits à inventer des exercices bizarres », lance-t-il à la cantonade. Tirer son partenaire au sol en utilisant la ceinture de son kimono, par exemple.
Imran, 10 ans, entame sa troisième saison : « J’aime tout ce que j’apprends, je me dépense beaucoup et j’ai fait de gros progrès qui me rendent plus sûr de moi », confie-t-il. Il vient quatre fois par semaine au « JJB » et ne repart pas seulement en sueur. « Dans éducateur sportif, il y a le mot éducateur, et j’y tiens, car je forme des sportifs qui deviendront aussi des citoyens », rappelle Ali Rodrigues.
« Sans chercher à me substituer aux parents, j’adresse à mes élèves des messages sur l’importance de lâcher leur console de jeux, de limiter l’usage des réseaux sociaux, de pratiquer une activité physique pour se sentir bien, de respecter l’autre, de se responsabiliser, et je leur donne des clés contre le harcèlement. » Le discours est identique dans les cours de lutte, de grappling et de fightfit training, les autres disciplines qu’enseigne le Créatif Tremblay.
Depuis peu, le club intervient dans les écoles élémentaires Cotton et Rosenberg. Mais le présent, ce sont les championnats de France de jiu-jitsu brésilien, en avril dans l’Essonne. Dix jeunes vont tenter d’y décrocher une médaille.