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Chacun à leur tour, et presque parfaitement rôdés à l’exercice, Nirosh, Sofiane et Lenny, lycéens en seconde au sein du lycée Léonard de Vinci, déroulent leur exposé de mathématiques comme s’il s’agissait de développer une équation bien maîtrisée. Mais, ce mardi 18 mars, l’exercice est plutôt littéraire, il s’agit pour eux de faire revivre la carrière professionnelle et la vie de Katherine Johnson, mathématicienne (1918-2010) qui participa à la conquête spatiale au sein de l’agence spatiale américaine (NASA) à une époque où être femme et noire n’avait rien d’un avantage dans l’Amérique de la ségrégation raciale. 

Bref, celle que l’on surnomma « l’ordinateur humain » se heurta souvent à démonter l’imbécile, mais bien prégnant, théorème de l’intolérance et du racisme. Tout un parcours, résumé en quelques minutes, qui provoque une salve d’applaudissements dans la salle où sont réunis, cet après-midi là, une trentaine d’élèves de seconde de Léonard de Vinci et une classe de troisième du collège Ronsard. 

L’incarnation de la persévérance 

L’objectif du jour ? Profiter de la Semaine nationale des Mathématiques « pour faire des maths autrement et montrer que derrière des chiffres ou des formules, il y a aussi la vie d’hommes et de femmes, résume dans un grand sourire Ouahiba Herri, professeure de mathématiques depuis 2010 au sein de l’établissement tremblaysien. Et puis, c’est un également un excellent moyen d’ouvrir les collégiens et les collégiennes sur leur futur lycée. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils ont préparé leurs exposés en commun avec les collégiens de Ronsard. » Une bonne manière de « poser directement quelques questions sur les emplois du temps au lycée », glisse aussi à ce sujet Ismaël, élève de troisième. Avant d’ajouter : « Franchement, je ne m’attendais pas à découvrir deux parcours aussi inspirants ! » 

En amont de la Semaine des mathématiques, plusieurs séances de préparation avaient en effet permis aux deux groupes de jeunes Tremblaysiens de s’intéresser également à la courte mais riche existence de l’Indien Srinivasa Ramanuja (1887-1920), autodidacte des maths qui a échappé aux cadres traditionnels de l'apprentissage pour devenir une figure emblématique de la recherche mathématique. Un autre parcours hors du commun loin d’être « choisi au hasard », prolonge Nawel Onesti, professeure de maths au collège Pierre-de-Ronsard : « Ce qu’ont réussi à accomplir Katherine Johnson et Srinivasa Ramanujan, c’est vraiment l’incarnation de ce que peuvent être la persévérance et l’envie de dépasser des obstacles liés à son origine, sa couleur de peau ou son statut social. A eux deux, ils rendent donc les mathématiques plus humaines et plus inspirantes. Une façon de voir les maths qui est loin d’être inutile pour une génération qui a bien souvent beaucoup de mal à mettre du sens derrière les théorèmes et les calculs étudiés en cours. » 

Se préparer aussi au grand oral du bac 

Une hypothèse que ne renient pas Yousra et Fatima, collégiennes de 3e à peine sorties de leur intervention retraçant les calculs mathématiques de Katherine Johnson lorsqu’elle était ingénieure à la Nasa : « Les parcours de ces deux mathématiciens, ce sont de vraies leçons de vie, disent-elles d’abord presque en duo. Dans un monde où il y a encore beaucoup d’injustices de toutes sortes, leurs modèles vont nous aider à ne pas lâcher nos rêves », poursuivent ensuite les deux jeunes femmes. La première citée s’imaginant bien psychologue. 

Un horizon encore un peu lointain alors que celui du grand oral du bac se rapproche à grands pas pour des lycéens de Vinci « qui ont pourtant bien du mal à assurer un exposé en maths, regrette leur professeure. Alors, faire ce genre d’exercice autour des mathématiques est une bonne porte d’entrée pour commencer à les préparer. D’autant qu’ils ont un jury de leur âge qui est censé être moins impressionnant... » 

Et même très indulgent puisque collégiens et lycéens s’écoutent dans un silence attentif. Le signe peut-être que l’ambition de rapprocher collégiens et lycéens a finalement fonctionné. Et pas seulement pour découvrir les longs couloirs de l’impressionnant bâtiment de la route des Petits-Ponts : « C’est bien d’avoir des occasions de discuter, d’échanger entre collégiens et lycéens, estime Farah, élève de seconde qui envisage une carrière de traductrice. Parce que dans notre génération, les réseaux sociaux et les écrans nous coupent souvent de la réalité. » Une formulation qui n’est pas mathématique, mais qui donne tout autant à réfléchir...

Quand les maths font le mur...

La Semaine des Mathématiques, dont on célébrait la 14e édition cette année, est organisée par le ministère de l’Éducation nationale. Une manifestation nationale qui « vise à promouvoir la pratique des mathématiques à travers des projets interdisciplinaires, des ateliers interactifs ou des conférences. » Pour cette édition 2025, qui avait lieu du 10 au 19 mars, le thème retenu “Les mathématiques hors les murs” invitait à découvrir la discipline à travers des situations bien ancrées dans le réel. Rien de mieux donc que les parcours inspirants des mathématiciens Katherine Johnson et Srinivasa Ramanujan retracés à Léonard de Vinci.