Danse
Sylvain Prunenec sur la longue distance
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© Stéphane Dussere
C’est une place publique dont les formes rappellent celles de l’espace Niemeyer à Paris. Pourtant, dans cet univers aux géométries courbes, la caméra qui saisit d’assez loin un homme entreprenant quelques pas de danse se trouve bien loin du siège du Parti Communiste Français : Sylvain Prunenec pose là, à Bakou (Azerbaïdjan), lors de son périple entre Bretagne et Russie réalisé en 2019. Ça s’appelle 48e Parallèle, Chorégraphies pour longues distances, c’est un des projets que le danseur-chorégraphe déploie au Théâtre Louis Aragon (TLA) dans le cadre d’une résidence au long cours. Et cela semble bien contenir ce qui charpente tout le parcours de cet artiste-là…
« À la sauvage »
« J’ai commencé à danser à 6 ans ! Depuis la maternelle, jusqu’au Conservatoire de danse de Paris, j’ai rencontré la danse très tôt et ça ne m’a jamais lâché », entame Sylvain Prunenec. Les compteurs établissent que cela fait plus de 30 ans que l’on est professionnel dans cette filière, que l’on a interprété pour Odile Dubosc, Trisha Brown, Christian Rizzo, Dominique Brun avant de se faire chorégraphe depuis 1995. « J’avais besoin de questionner ma pratique, de comprendre pourquoi je dansais, à partir d’éléments très basiques comme la marche, le saut, le contact physique avec un partenaire », poursuit-il. Voilà pour saisir ce qui caractérise la démarche de Sylvain Prunenec, soit le rapport à la conscience, la mémoire, l’identité du danseur, une réflexion concentrée dans Une conscience en mouvement, publiée avec le concours du Centre national de la danse. Ça sonne cérébral, mais pas que.
La biographie mentionne deux brèves incursions dans le cinéma, c’est cependant sur d’autres plateaux que l’on traquera la bonne, la longue distance, entre la Pointe de Lervily (Finistère) et l’île de Sakhaline, Sibérie. Pour 48e Parallèle, le danseur a ainsi enquillé bus, trains, marche et auto-stop pour un énième questionnement pratique, avec un métronome pour seul accompagnement musical : « J’avais envie de danser à la sauvage sur les places publiques des lieux que je traversais, d’aller à la rencontre de gens que je ne connaissais pas et qui ne vont pas forcément voir du théâtre. J’avais également l’intention de prendre du temps pour traverser des paysages naturels. »
Promenades avec les habitants
De cette épopée transsibérienne, Sylvain Prunenec s’est façonné une attache avec une – lointaine – origine bretonne et a tiré la substance d’un projet artistique développé dans le tempo de sa résidence au TLA : « J’irai présenter ces danses métronomiques à Tremblay, à Villepinte, dans l’espace public fin mai. Un spectacle est en création et sera présenté à l’automne prochain. Il sera composé d’images vidéo et de sons pour rendre compte d’impressions de voyage qui incluent la question de l’espace, du temps et également la question écologique. Il est prévu une forme pour le plateau et des extensions, telles des promenades avec les habitants. »
Ces promenades, ces longues distances, se déclineront aussi à travers le projet Paysages–présences au Parc de la Noue, en partenariat avec le centre social André Malraux à Villepinte et le TLA.
Auteur : Eric Guignet
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