Portrait
Médaillé du staff
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© Serge Barthe - Ville de Tremblay-en-France
Les journées portes ouvertes des établissements d’enseignement sont quelques fois l’occasion de révélations inattendues. Il y a quelques années, Mathieu Leproust – Costa, aujourd'hui âgé de 16 ans, a accompagné sa sœur aînée à ce type de rendez-vous, au lycée Le Gué à Tresmes, en Seine-et-Marne, à Congis-sur-Thérouanne. Tandis qu’elle venait se renseigner sur la filière qu’elle souhaitait suivre, en sciences et technologies du design et des arts appliqués, le collégien qu’il était alors découvre une formation intitulée staffeur ornemaniste. Un métier peu connu du grand public, mais qui lui tape tout de suite dans l’œil.
Le staffeur ornemaniste est un artisan d’art du bâtiment. Il réalise et met en place des éléments de décoration en staff (un mélange de plâtre et de fibres végétales) dans des constructions neuves ou dans les bâtiments anciens en restauration. Ses tâches vont de la réalisation du dessin préliminaire à la pose du motif décoratif qu’il a fabriqué : des corniches, des coupoles, des rosaces, des plafonds décoratifs ou des panneaux moulurés.
« J’avais vu de belles réalisations. J’ai toujours été manuel, cela m’a tout de suite plu ! », confie celui qui habite le quartier du Vert-Galant avec ses parents et sa sœur depuis l’âge de six ans. Dès lors, il accomplit son stage d’observation de classe de troisième dans une entreprise travaillant le stuc et le staff, avant de se diriger ensuite vers un CAP dans cette spécialisation. CAP qu’il a obtenu en juin dernier, à Congis-sur-Thérouanne, à une quarantaine de kilomètres de Tremblay, où il était en internat.
Une passion et un rêve
Quelles sont selon lui les qualités nécessaires pour exercer ce métier ? « Il faut être passionné, manuel, minutieux et patient. Enfin, patient et pressé aussi, quand on travaille le plâtre, car après quinze minutes, il devient tout dur ! » Mathieu est doué : il a déjà obtenu deux belles récompenses dans sa spécialité : meilleur apprenti à l’échelon départemental ainsi qu’à l’échelle régionale. Pour ce concours, il devait réaliser un module de style art déco d’un mètre de haut.
« Nous avons beaucoup étudié l’histoire de l’art, l’Égypte, la Grèce. J’aime particulièrement les styles corinthiens et ioniques. Je vais découvrir le gothique cette année », explique le jeune tremblaysien, qui dessine par ailleurs beaucoup pour son plaisir. L’artiste n’en a pas encore fini avec les études. Il prépare désormais un Brevet des métiers d’art (BMA), toujours dans la même spécialité et dans le même établissement, en deux ans.
« Le lycée Le Gué à Tresmes est le seul établissement à proposer cette formation au niveau national. Il n’y a que douze places pour toute la France. Sans doute parce que staffeur ornemaniste n’est pas un métier très connu », suppose le jeune homme dont le père est dessinateur industriel pour les Aéroports de Paris. Sa mère, qui travaille dans une banque, est originaire du Portugal, pays où la famille se rend chaque année durant les grandes vacances. « Malgré la chaleur étouffante, ce sont à chaque fois de bons moments. On se baigne, on se balade et on trouve toujours des fêtes de village, avec des grillades », précise Mathieu, ravi.
Possesseur d’une copieuse collection de mangas, Mathieu est un fan du Japon et ne raterait pour rien au monde la Japan Expo, le rendez-vous annuel des amateurs de mangas, d’art culinaire japonais, d’arts martiaux et de jeux vidéo, qui se tient chaque année au parc des expositions de Villepinte. « Toute la culture japonaise m’attire, jusqu'aux intonations ou à la manière de s’excuser », fait valoir Mathieu, qui rêve de se rendre un jour là-bas. À Kyoto, notamment, pour admirer de près les célèbres temples de la capitale culturelle de l’archipel nippon.
Des portes grandes ouvertes
Que fera-t-il après son BMA ? « Je pourrais continuer avec un BTS design d’espace. Mais je vais peut-être être saturé des études. Je me vois plutôt entrer sur le marché du travail. Décrocher un CDI avec un BMA est tout à fait envisageable. Cependant, des CDD ou de l’intérim me permettraient d’apprendre plusieurs façons de faire », envisage-t-il.
En tout état de cause, il sera staffeur, mais peut-être aussi stucateur, une spécialité plus rare, mais recherchée. « C’est un métier assez difficile, car pour le stuc, il faut savoir manipuler les colorants. Nous avions eu un stucateur qui est intervenu en CAP et cela m’avait impressionné. » Sa spécialisation lui ouvrira de toute façon pas mal de portes. « On peut assez facilement travailler à l’étranger, à Dubaï, en Russie, en Italie ou en Angleterre. Mais à Paris aussi, ou dans le cinéma, pourquoi pas ? »
Même si le fait d’être interne lui a fait abandonner l’une de ses autres passions, l’escalade, il ne fait guère de doutes que Mathieu ira très haut.
Auteur : Daniel Georges