Concert
La transe-afrique fait sont come-back !
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BCUC pour Bantu Continua Uhuru Consciousness : c’est tout un programme, non ?
Bantu, c’est l’être humain en zoulou [langue la plus parlée d’Afrique du Sud] ; Continua signifie que cela continue ; Uhuru[langue swahili], c’est la liberté, et le dernier mot renvoie à la conscience… Ça parle tout seul, c’est juste toute l’histoire de ce qu’on essaye de faire. On a choisi d’utiliser notre musique comme un outil pour unir les gens sans tenir compte des idées politiques ou religieuses. On essaie de faire en sorte de mutualiser ce qui rassemble les gens.
Aujourd’hui, vous êtes un collectif de sept musiciens avec presque 15 ans d’existence…
Oui, tout a commencé en 2003, et on n’était pas dans cette configuration au début ! J’ai rencontré Cheex [qui joue aux congas dans le groupe] qui jouait du saxophone, moi je me baladais avec mon mini-disc enregistreur et j’ai trouvé qu’il jouait sacrément bien ! On s’est donné rendez-vous et on a ramené des potes pour se les présenter mutuellement. On se réunissait à proximité d’un petit resto communautaire de Soweto, le Food-Zone. C’est parti comme ça.
Un jour, une femme est venue nous trouver parce qu’elle avait entendu parler de nous et qu’elle voulait qu’on fasse un concert : elle nous demande le nom du groupe… On l’a trouvé juste avant de se produire ! On voulait un nom de groupe tout en longueur, comme celui de The Mystic Revelation Of Rastafari, c’est pour cela qu’on l’a choisi sur le mode acronyme, un peu comme le fameux groupe new-yorkais A Tribe Called Quest (ATCQ) !
Et Kgomotso, la seule « fille » de BCUC ?
Ah Kgomotso ! Quelle voix ! Elle chante comme un ange. Elle nous a rejoints un an après nos débuts. Elle a un parcours un peu spécial car elle étudiait alors le journalisme à l’université de Johannesburg. Moi, je la connaissais parce qu’il se trouve qu’on a suivi des cours de management dans la même classe !
Le jour est arrivé où nous lui avons proposé de venir chanter avec nous parce qu’elle envoyait vraiment, comme Erykah Badu [chanteuse américaine de soul, hip hop]. Bon, elle ne voulait pas trop au début, on a dû insister et je peux te dire qu’on a bien fait !
Votre musique, vous l’appelez « african Gungungu » : c’est quoi au juste ?
La musique traditionnelle d’Afrique du Sud, c’est la transe. Il y a de ça dans notre son : c’est afro-psychédélique de façon très naturelle, sans champignons hallucinogènes ! On y met de tout, du chant – Gun, Gun, Gun, c’est ce que tu entends lorsque tu ne comprends pas le zoulou ! – des sifflets, de la basse… Nos références musicales ? James Brown, Fela Kuti, The Mystic Revelation Of Rastafari et beaucoup de bons groupes de hip hop : de la musique américaine, et de la musique révolutionnaire africaine.
« Music for the people, by the people, with the people », ditesvous, ça sonne comme un message politique ?
On est un groupe engagé mais pas dans ce sens : il s’agit plus d’un truc spirituel, on essaie de transmettre « quelque chose » de positif aux gens sans pour autant que ce soit gnangnan, et tout en balançant une façon de « Fighting Spirit »…
Certaines de vos chansons peuvent atteindre 20 minutes !
C’est parce qu’on cherche à produire une transe en continu, avec une chanson de durée classique, ça ne le fait pas. On reste attentif à laisser les morceaux complètement ouverts, et ça peut prendre du temps !
Depuis que vous avez « retourné » les Trans Musicales de Rennes en 2016, il y a une relation plutôt spéciale avec la France, non ?
C’est avec le boss de ce festival qu’on a été lancé et qu’on a pris confiance: quand on a rencontré Jean-Louis Brossard, on ne savait pas qu’on avait besoin de quelqu’un qui croirait en nous, comme nous, nous croyions en nous ! Avant cette rencontre, on savait qu’on avait, qu’on était quelque chose de spécial et que les gens aimeraient. Il nous a aussi introduits auprès de gens comme Antoine Rajon, avec lequel nous travaillons et grâce auquel nous jouons aujourd’hui en France.
Quels sont vos projets en dehors des concerts ?
C’est peut-être un scoop (!), on songe sérieusement à retourner en studios pour enregistrer un troisième album, pour conclure une sorte de trilogie. Il se pourrait bien qu’on l’enregistre à Paris cette chose-là. Il se pourrait bien aussi qu’il y ait des gros noms dessus. Oui, ça se pourrait bien…
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Auteur : Eric Guignet
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