Portrait
Cette guitare qui le démange
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© Serge Barthe - Ville de Tremblay-en-France
La musique baigne son existence depuis tout petit. Avec une maman prof de musique, me direz-vous, rien d’étonnant… Ancien élève du conservatoire de Villepinte, Louis Darteil a débuté avec la trompette et le piano. La guitare, il s’y est mis un peu plus tard, à l’âge de seize ans, et l’enseigne désormais, de même que le piano, à l’Espace Angela Davis.
Côté études, il commence par un bac ES – « J’aimais l’économie et le social pour comprendre le monde actuel » –, puis poursuit par un an de musicologie à Paris 8, avant d’intégrer l’école de musique Atla, à Paris, puis l’École des musiques actuelles, à Cachan. Louis joue depuis trois ans au sein du groupe The Lazy Monkeys, qui se réclame de la pop, avec des influences soul, mais aussi urbaines, et pour lequel il crée la musique.
Après avoir commencé par des reprises d’Earth Wind and Fire ou de Bruno Mars, The Lazy Monkeys jouent maintenant leurs propres partitions. La reconnaissance monte peu à peu. L’Odéon Scène JRC les accueillait la saison dernière pour une résidence artistique. Ils sont cinq, complices depuis leurs années de conservatoire. « Nous faisons de la musique ensemble depuis quinze ans, nous voulons surtout nous amuser. Nous voulons "envoyer" sur scène, mais nous restons sérieux dès que nous nous produisons, pour renvoyer un côté professionnel et donner à voir un vrai spectacle. Nous avons hérité de la rigueur apprise au conservatoire », explique celui qui a toujours habité le Vieux-Pays (précisant d’ailleurs qu’il ne bougera « jamais de Tremblay, j’aime trop ma ville ! »).
Le groupe s’autoproduit pour l’instant, « mais à terme, nous aimerions signer pour une maison de disque », confie-t-il. Le groupe a beaucoup tourné lors des deux dernières années, mais souhaiterait maintenant « se faire connaître au-delà de la scène ». Louis écrit aussi pour d’autres chanteurs, de rap notamment. L’an dernier lors de la finale d’un tremplin national organisé au Bataclan, Louis a remporté, dans les prix individuels, le titre de meilleur guitariste de France. Rien que ça…
Musique, foot et engagement
Le foot est son autre grande passion. Il supporte l’équipe de Liverpool, comme l’atteste son avant-bras gauche : Louis s’est fait tatouer You’ll Never Walk Alone, le chant mythique des supporters du club anglais, entonné par les fans avant chaque rencontre dans le stade d’Anfield, où il s’est rendu à deux reprises. « J’adore cette ville, qui est aussi celle des Beatles. » Seul bémol : il a bien du mal à saisir l’accent, appelé scouse, dont la compréhension représente un défi majeur pour les étrangers maîtrisant l’anglais britannique standard.
Mais le récent voyage qui l’a marqué s’est déroulé en Cisjordanie. Louis et le chanteur du groupe, Davis Owl, ont fait partie d’une délégation de sept jeunes, accompagnés par l’adjoint au maire à la jeunesse Philippe Bruscolini, qui s’est rendue en Palestine, du 10 au 18 septembre dernier, pour participer au Festival international pour la Paix de Beit Jala, en Cisjordanie (Lire l'article).
« Nous avions appris des choses au préalable avec des connaisseurs de cette région. Quand on pense à la Palestine, on pense au conflit, à des destructions, un paysage de désolation. Mais ce n’était pas du tout ça, en Cisjordanie tout au moins, car je sais qu’à Gaza la situation est différente. J’ai vu un pays magnifique. Les gens mangent à leur faim, travaillent, tout le monde parle ensemble, sans barrières entre les classes sociales. Ça redonne foi en l’humanité », fait valoir le guitariste, qui a trouvé les habitants « courageux, humbles, cultivés, incroyables en fait ! À aucun moment nous ne nous sommes sentis en insécurité. Mais, même sans avoir vu la misère absolue, on saisit la chance que l’on a d’habiter ici. Car, c’est une grande injustice pour un peuple de ne pas pouvoir se déplacer librement », mesure Louis, qui bosse depuis son retour sur un documentaire de restitution de ce séjour.
Il se souvient des mots de ce professeur d’une classe dans laquelle il est allé jouer avec son compère Davis : « Nous n’avons pas besoin de charité, mais de joie et de partage, comme ce moment que nous venons de vivre avec vous. »
Des projets à foison
Le guitariste a envie de continuer à créer des passerelles avec des musiciens de là-bas. « J’ai déjà envie de repartir en fait, en y restant plus de temps. » On le sent fourmiller de mille projets dans sa tête. Mais, Louis, c’est la décontraction et la bonne humeur. Et aussi un peu d’impatience ces derniers jours, en attendant la sortie de l’EP du groupe, le 7 décembre. « Un produit 100 % tremblaysien puisque tout a été produit et enregistré à Angela Davis. Avec le groupe, on avance bien, on a envie d’en vivre. Mais on ne cherche pas la gloire, juste donner du plaisir et en prendre, pour vivre librement, sans trop de contraintes », conclut le jeune homme, qui se verrait bien un jour aussi enseigner dans un conservatoire.
Auteur : Daniel Georges